[Rencontre avec les derniers canuts]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT3325 13
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description De gauche à droite : [personne non identifiée], Georges Mattelon, Albert Van Merisse.
historique Reportage photographique réalisé à l'occasion d'un dossier sur l'identité lyonnaise publié dans Lyon Figaro en avril 1987.
historique On sait la Croix-Rousse traditionnellement rattachée au travail de la soie. Mais les soyeux lyonnais - et ce qu'il en reste du fait de la concurrence asiatique - ne seraient rien sans les dévideurs et ourdisseurs modestes qui perpétuent cette tradition au sein du quartier. En effet, 5 ou 6 ourdisseurs indépendants, seulement, se partagent la préparation de ces ouvrages de renommée mondiale. Le soyeux fournit la soie et les écheveaux sont disposés sur un énorme moulinet appelé la tavelle qui dévide les fils sur des requets ou bobines. Ce travail exige une attention soutenue afin que l'écheveau demeure à une tension satisfaisante. Quant à l'ourdissage proprement dit, il a pour fonction d'assembler parallèlement sur un rouleau un nombre déterminé de fils d'une même longueur selon la longueur voulue de la pièce. Bobines et requets sont ainsi disposés pour être "peignés" en rangées verticales et horizontales avant d'être enroulés sur l'ourdissoir proprement dit dont le produit sera destiné aux métiers à tisser. Tout ce travail de préparation anonyme, voire ingrat car très mécanique et exigeant une grande attention et un "tour de main" de professionnel qui ne s'improvise pas, est donc le lot de ces quelques derniers, cinq ou six, répartis entre Cuire et Grande-Côte. Mme Desbrosses, impasse Gord, perpétue cette tradition demeurée indispensable à la soie croix-roussienne : la formation, en effet, est inexistante dans la mesure où les jeunes ne s'intéressent plus guère, qu'au niveau de leurs loisirs, à ce genre d'activité. Encore faut-il, cependant, saluer la vocation tardive de M. Huchard qui, à la retraite, a entrepris cette étude approfondie en même temps que celle de la vie de Jacquard. [...] Chez Mattelon, rue Arthaud, dans un typique et encombré atelier de canuts, le travail à façon se perpétue. L'atelier est connu, le travail soigné et d'une rare qualité puisque Mattelon est l'un des seuls, en France, à tisser encore des fils d'or et d'argent. Aussi les commandes particulières ne manquent-elles pas. Mais Mme Letourneau, par exemple, rue du Mail, est à la retraite et n'a pas trouvé à qui "passer la main". A l'angle des rues Justin-Godard et Lebrun, un atelier vieillot fait encore entendre ses bistanclaques. Rue d'Ivry, la coopérative "Cooptis" vend ses produits par le biais du musée des Canuts. Mme Martinaud, rue Richan, travaille depuis 15 ans, ayant transféré là son atelier séculaire de la rue Calas. Albert Van Merisse, le passementier bien connu, partage son temps entre son travail d'esthète et la boule lyonnaise. A 70 ans, il n'a pas volé ses parties de détente en 15 points, ni les présidences de clubs boulistes qu'il accumule. Mais par pénurie d'une main-d'oeuvre qui ne se renouvelle pas, la préparation de la soie, ateliers d'ourdissage et de dévidage, ne risque-t-elle pas d'ouvrir encore plus grande la brèche d'une concurrence étrangère sans façons ni façonniers. Ce sont de vieux métiers que ces deux-là. Mais il y a urgence à s'y intéresser avant qu'ils ne meurent. Le choix économique se résume à subventionner et à marginaliser l'activité, ou à tenter de développer le marché... Source : "Ourdissage et dévidage : les deux mamelles de la soie lyonnaise" in Le Progrès de Lyon, 10 février 1985.
note bibliographique "Qu'est-ce qu'un Lyonnais ?" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 18 avril 1987, p.7-11.

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